Bioluminescence – la lumière des profondeurs

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Quelle merveille !!

En visite à l’aquarium de la Rochelle cet été, j’ai été fascinée par la lumière qui peut se dégager des profondeurs au travers de procédés biologiques. Je vous propose aujourd’hui un peu de biomimétisme et d’analogies avec l’humain 😉

La bio-luminescence se retrouve par exemple dans le microplancton qui rend la mer lumineuse en pleine nuit.

C’est la capacité de certains organismes vivants à produire et émettre de la lumière grâce à une réaction chimique.

Au cours de celle-ci, une molécule, la luciférine (du latin lucifer, qui éclaire), se combine à de l’oxygène en présence d’une enzyme, la luciférase. 

L’énergie est alors libérée sous forme de lumière et non de chaleur, c’est la lumière froide. On peut tenir une luciole sans se brûler.

Un phénomène de l'ombre

La bioluminescence semble être un phénomène de l’ombre ! 

Elle est principalement présente dans le milieu marin. Il existe toutefois quelques espèces terrestres également (vers luisants, lucioles, quelques champignons, et quelques autres insectes), qui s’éclairent néanmoins la nuit, dans l’ombre.

Le milieu marin absorbe la lumière, en commençant par le rouge, la réflexion du bleu étant permise assez profondément. C’est donc la couleur du sang, du physique, du palpable, de la sexualité, du chakra racine qui est absorbée en premier lieu. Et effectivement, symboliquement, l’eau correspond au monde des émotions, des profondeurs, de la psyché…Il y règne un sentiment de mystère

C’est l’endroit où on va plonger dans l’inconnu, nos émotions voire notre inconscient pour explorer sa part d’ombre, dans un monde sans lumière reçue, pour y découvrir nos ressources inconscientes.

Que ce soit les abysses ou la nuit, il s’agit de milieux froids, dans lesquels sont générés, grâce à ce phénomène, une lumière froide là où nous étions habitués à associer lumière et température chaude. Ainsi, ces organismes lumineux peuvent être touchés sans se brûler.

Je la vois comme une lumière accessible à l’Humain, mais néanmoins de la lumière. En effet, elle n’éblouit pas, lumière de la nuit, elle peut être regardée en face. 

L’ombre permettrait donc de voir sa propre lumière en face ?

A noter que tous les habitats marins, depuis la surface jusqu’aux abysses contiennent des organismes bioluminescents : bactéries, poissons, pieuvres, crevettes, méduses…⇒ il n’y a pas de hiérarchie et tous les étages sont concernés, aussi profonds soient-il . 

Sans l’ombre, ce phénomène n’existerait donc surement pas. Si sur terre, c’est souvent l’ombre qui apparaît comme une conséquence d’un éclairage lumineux, projeté sur une surface, avec ce phénomène, c’est la lumière qui est la conséquence, le système d’adaptation dans un milieu où l’ombre domine. La Vie nous montre que l’un n’existe pas sans l’Autre. 

Un symbole de vie et même de survie

Mais quelles sont les fonctions de cette bioluminescence ? Il y en a plusieurs : 

  • chasser : exemple de la baudroie avec un organe lumineux près de la bouche pour attirer ses proies
  • tromper le prédateur : exemple de crevettes qui envoient un nuage lumineux pour dissimuler la fuite de l’animal
  • se camoufler : lumière en position ventrale chez certains poissons, qui rendent l’animal invisibles vu du dessous 
  • se reproduire : lumière agissant comme un signal de reconnaissance pour trouver un partenaire (chez certains calamars) 
  • éclairer : lumière émise non détectable par les proies qui sont ainsi éclairées à leur insu.

En fil conducteur de ces fonctions, je vois la survie! 

La lumière comme pré-requis à la Vie! 

Mais allons plus loin : certains organismes bioluminescents utilisent leur lumière de façon coopérative.  C’est le cas de certains dinoflagellés bioluminescents, comme le Lingulodinium polyedrum, qui peuvent former des associations symbiotiques avec les coraux. Ils vivent à l’intérieur des coraux et, pendant la nuit, la bioluminescence résultante peut augmenter la lumière disponible pour les coraux, favorisant ainsi la photosynthèse. Un bel exemple de rayonnement à l’extérieur et de coopération au service de la Vie ! 

QUAND LA LUMIÈRE JAILLIT DE L’OMBRE - RÉSILIENCE

La bioluminescence me permet de voir la lumière comme un symbole de résilience. Dans les ténèbres, la lumière est intrinsèquement là, à l’image du symbole du tao, du yin/yang qui montre l’interpénétration de l’un dans l’autre. Il a été montré que 76 % des organismes pélagiques sont connus pour être bioluminescents, et cela de la surface jusqu’à 4 000 m de profondeur, même dans des zones où la plupart des êtres vivants sont aveugles. Ainsi, il y a toujours de la lumière en zone d’ombre, vivier de survie, offrant la possibilité de tout le temps s’en sortir, relever les défis. 

Au-delà de trouver une lueur dans les moments les plus sombres de notre existence, elle peut même offrir de la Beauté, une Beauté incomparable, quasi irréelle.

Cette lumière qui jaillit de l’ombre nous permet aussi d’adopter un autre regard que celui que nous pourrions avoir en pleine lumière. Des facettes différentes qui sont mises en évidence par rapport au même organisme visible à la lumière du jour, nous offrant alors d’autres perceptions, mettant en évidence une beauté cachée. On s’en rend compte avec les objets ou peintures ou même coraux fluorescents par exemple. Cela vient alors me rappeler qu’il n’y a pas de vérité, pas un seul regard. Et si cette idée peut venir chatouiller en se disant que nous partageons un référentiel commun, la vision à la lumière du jour, et qu’il peut sembler être le seul point de vue, il en existe pourtant d’autres puisque cet éclairage est tout aussi vrai que si l’organisme était éclairé à la lumière du jour (cf. peinture plus haut). 

L’avoir en tête me sert à la fois à garder la tête froide quand mon ego s’emballe et à me souvenir que je ne détiens pas la vérité et en miroir, que personne ne la détient donc que se tenir droit, debout, affirmé, vivante est essentiel. 

Et l’autre enseignement que j’en tire, qui rejoint cette notion de vie, est celui de l’espoir pour plus de résilience puisque la lumière est toujours là ! 

La Baudroie, créature des abysses (de -500 à -2000 m) qui a développé une adaptation à l’obscurité, en  est un parfait exemple. 

AVOIR BESOIN DE L’EXTÉRIEUR POUR ÊTRE LUMINEUX OU PRODUIRE LA LUMIÈRE SOI-MÊME

J’en viens à présent à une question : avons-nous besoin de l’extérieur pour être lumineux ? 

 

Alors que la bioluminescence permet à un organisme vivant de générer de la lumière en autonomie, par réaction chimique, il existe d’autres types de lumière, notamment dans le monde sous-marin, mais qui dépendent de l’extérieur: 

  • l’Iridescence, comme c’est le cas de la nacre: les surfaces iridescentes sont composées de micro-structures agencées de manière régulière qui renvoient la lumière avec une longueur d’onde (donc une couleur) différente selon les directions. La surface semble changer selon l’angle de vue. 
  • Fluorescence:  propriété d’une surface lorsqu’elle est éclairée avec certaines radiations d’émettre des radiations différentes. Chez les espèces vivantes, ce phénomène est dû à une protéine qui absorbe l’UV et la radiation bleue. L’énergie ainsi absorbée déstabilise la protéine. Elle reviendra à son état initial en libérant une particule de lumière (photon), de couleur verte ou rouge.
  • Phosphorescence: propriété de certains matériaux à absorber de la lumière et à la restituer avec un temps de retard, c’est-à-dire après extinction de la source lumineuse. Ce phénomène n’a pas été observé chez des êtres vivants.

 

Dans tous ces cas, il s’agit d’une utilisation de la lumière externe.

 

Cela me fait penser au fait d’être éclairé par la lumière d’autres personnes. Ne dit-on pas, « bénéficier d’un éclairage différent » ? Avec ces propriétés, néanmoins, on voit bien que la lumière n’est pas restituée telle quelle. En tout cas, l’œil ne reçoit pas le soleil ou la source qui a illuminé mais bel et bien le résultat que renvoie les surfaces éclairées, avec leurs propres propriétés. Elles y mettent leur patte, leur touche personnelle en ayant été inspirées par la lumière extérieure. 

En revanche, elles ne peuvent briller qu’en présence de lumière extérieure.

 

Ce n’est pas le cas de la bioluminescence dans le cas de laquelle, l’organisme produit sa propre lumière, indépendamment de l’extérieur, et devient donc une lumière. 

Et comme vu un peu plus haut, certains organismes bioluminescents partagent leur lumière avec d’autres espèces. 

 

Je trouve ce phénomène fascinant car j’ai longtemps souhaité ne pas dépendre de l’extérieur pour « briller ». Aujourd’hui, si je file l’analogie avec l’Humain, ma position est entre 2 et même si je suis convaincue qu’il n’appartient qu’à nous de faire rayonner notre propre lumière, nos talents, nos contributions, je suis aussi de plus en plus inspirée par le fait que nous avons besoin d’autres éclairages ou du moins d’interactions, aussi confrontants soient-ils, à l’image des abysses, pour la sublimer. 

Un symbole de transformation

Certains organismes bioluminescents, comme les lucioles, passent par des stades de métamorphose avant de produire de la lumière. Dans le cas des lucioles, par exemple, elles passent de l’œuf à la larve, la nymphe puis l’imago et leur lumière ne se produit qu’à partir du stade de la nymphe. J’y vois un un bel exemple de transformation personnelle, d’évolution avec l’importance du temps. Grandir, s’améliorer, progresser, se transformer, prend du temps et mon juge intérieur a tendance à un peu trop l’oublier. J’ai envie d’attirer notre attention sur ce paramètre qui fait partie de nos vies et n’est pas forcément compressible comme nous le souhaiterions. Il faut parfois tout simplement accepter de se laisser du temps, se laisser croître, à son rythme !  

Expression de l'individualité

Après la transformation, le stade final permet une belle expression de son individualité au sein de son milieu.  

Une fois adulte, certains organismes arrivent à contrôler leur bioluminescence, notamment pour les fonctions dont nous avons parlé plus haut. J’y vois une forme de maîtrise de soi dans le choix de moduler son énergie, de partager sa lumière… ou pas, d’appliquer son discernement en s’éteignant, en se retirant parfois pour se protéger. Un beau symbole de vulnérabilité que nous offre la Nature.

L’expression de son individualité peut passer par une lumière très douce, légère. C’est bien le cas des organismes bioluminescents dont la lumière peut certes éblouir comme être doucement éclairante comme une lueur qui guide. Il n’y a pas de compétition pour savoir qui brille le plus fort. 

Et pour aller plus loin, chaque espèce bioluminescente a son propre motif de lumière distinctif, “un peu comme un badge”. Je trouve cela fascinant, chaque être a sa propre lumière à apporter bel et bien unique ! 

BIOLUMINESCENCE, BIOMIMÉTISME ET FUTUR

Enfin, petit aparté technologique : ce phénomène de bioluminescence est étudié pour inspirer nos futures technologies, notamment dans la cadre d’éclairages urbains. Une start up française, Glowee, se lance dans un projet de production de lumière sans électricité, en s’inspirant des organismes marins présents dans les abysses, diminuant ainsi la pollution visuelle et préservant les ressources (moins de CO2, moins agressif pour les animaux et végétaux).

La ville de Rambouillet en devient le laboratoire d’expérimentation. Les projets se développent. 

Souvenez-vous du film Avatar où les végétaux de la planète Pandora s’éclairent à la nuit tombée. La bioluminescence est un phénomène naturel porteur d’espoir pour l’éclairage de demain, sans électricité.

CONCLUSION

J’ai envie de conclure sur le fait que la bioluminescence nous offre un autre regard sur le monde, nous rappelant à la Beauté et au caractère précieux de l’éphémère et de la simplicité, à l’image des lucioles. 

Lorsque plusieurs organismes bioluminescents interagissent, ils créent un spectacle harmonieux, à l’image de vagues de phytoplancton. C’est donc une harmonie issue de la somme des individualités qui brillent de leur propre unicité pour éclairer dans la nuit, contribuant ainsi à créer une beauté collective. 

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